Lafoda couverture
Le "Qui suis-je ?" #4
- Goran Bregović & Kayah - Spij kochanie, spij (Sleep, my dearest, sleep) - (audio) - 1999 -

1. Alors tout commence à partir de l’irrémédiabilité de notre condition physiologique : matière non utilisée par notre ingénieuse machine corporelle se fluidifie à travers des conduits reliés à la vessie. Petite chambre d’arrêt avant expulsion. Lorsque le niveau de liquide à expulser atteint la limite requise, une sensation est alors produite pour que nous ouvrions les valves de décontamination. Un torrent puissant s’éjecte alors du tuyau principal.

Couloir sombre et néons clignotent leur mécontentement de moins bien fonctionner. Chiottes absolument éclairées. Murs noirs. Toilettes et lavabos blancs. Tout est clean. Tout est parfait.
Tu entends quelqu’un derrière une des portes.
Bruits de papier-cul. Chasse tirée. Porte s’ouvre. Individu ayant l’air apeuré sort. Te voyant, il va se laver les mains. Il est nerveux. Il sort.
Tu ne comprends pas trop son état mais tu te dis qu’il était sûrement déçu de son expulsion.

Tu te mets face à une pissotière.
Tu sors le matos.
Tu entends la porte du couloir s’ouvrir. Des pas s’avancent vers les chiottes. Tu fermes les valves.

C’est alors que tes testicules – du latin ‘testis’, qui veut dire ‘témoin’- se regardent étonnées : des pas qui viennent, rétention insécure ? Non, leur expliqua le matos : c’est une forme de respect envers autrui : je marque ainsi le fait que je ressente effectivement sa présence : c’est une sorte de hochement de tête virile en signe de salut : une pause pour qu’autrui sache qu'il est ressenti comme existant à tes yeux. Rien avoir avec un manque de charisme ou de confiance. Rétention urinaire aiguë, cystite ou confusion d’avec le contexte sexuel ? Non, forme d’interaction respectueuse avec autrui.
Tu n’entends plus de pas.

2. Tu te dis alors : Dieu nous a crée à son image.

Suivant l’induction, si nous créons la vie à travers le même conduit qui nous sert aussi à déverser ce que nous considérons comme déchets, alors Dieu nous a crée à partir du même conduit qui lui a aussi servi à créer ce que nous considérons comme étant de la merde, le mal, Satan etc...

tu as cette pensée soudaine parce que tu veux passer le temps.
Tu te dis « cependant ».
Cependant, ce que nous considérons comme déchet pour notre corps ne l’est pas pour d’autres entités : la terre se l’approprie sans problème pour confectionner sa flore. Et nous nous nourrissons de cette flore.
Les déchets sont volatils et éphémères. Le mal ou la merde avec un grand Q n’est que cette perspective de réduction que l’on peut très bien supprimer de notre cervelle. L’ambiance négative d’un crâne peut très bien devenir la norme pour ledit crâne. Mais si tu changes de perspective – que tu peux faire en un claquement de doigt -, tu ne verras plus de négativité : c’est la puissance de ta conscience. C’est la puissance de Dieu que de penser ce qui est et d’être ce qu’Il pense de façon atemporelle : aucune distance de temps entre la pensée et l’existence. Ton ‘Moi’ est à l’image de Dieu. Mais Dieu n’est qu’un ‘Moi’ traduit par le langage. La perspective contraire à celle de la négativité est celle de l’egolux (ou si l’on veut, de l’anhypoteton/hupokeimenon qu’est le Beau selon Platon).

Tu as finis.
Tu remets le matos là où il habite.


Tu ne te laves pas les mains : personne n’est là pour voir si tu le feras ou non. Tu te dis : faudrait que j’écrive ce genre de conneries un jour.

Qui suis-je ?


*15 Février 2024