Lafoda couverture

"Marla Schappia", ex-secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et fervente féministe, fait la une du magazine Playboy VS Sylvie T., ouvrière qui n'arrive pas à finir ses fins de mois, deux enfants et un mari à charge

ENTREVUE

- Journaliste : En plus d'avoir été secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, vous étiez aussi préalablement secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations.
Vous vous attendiez, sans doute, à certaines critiques acerbes concernant votre apparition en petite tenue dans le journal de charme.
Pourquoi l'avoir fait ?
- "Marla Schappia" : La société évolue, la Femme aussi et je voulais parler de la liberté des femmes mais aussi du féminisme et de la littérature.
Pourquoi ce magazine en particulier ?
Pour montrer que la Femme est libre de faire ce qu'elle veut, même en tant que figure politique. Que s'affirmer en tant que Femme dans un magazine de charme pour parler féminisme et lutte contre les violences faîtes aux femmes, agrandit l'horizon culturel des lecteurs de ce magazine.
D'ailleurs, ce magazine n'est pas tant misogyne ou sexiste s'il publie une féministe.
- J.: Au-delà du féminisme, les responsables du magazine ont vu une ministre pouvant rehausser leurs ventes.
100 000 exemplaires se sont écoulés en quelques heures.
Contre 30 000 en moyenne par mois.
- M.S.: Je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas seulement le profit d'un seul côté. Si mes mots ont pu convaincre et ouvrir les yeux à certains lecteurs, sur la situation actuelle de la Femme dans notre pays, c'est aussi bénéfique par rapport aux engagements qui sont les miens.

- J.: Certains de vos détracteurs parlent d'un "parasitage de la communication gouvernementale en pleine crise sociale sur les retraites".
Expliquant que c'était une tentative communicante du gouvernement pour détourner les yeux sur le 49.3 appliqué à la question des retraites.
Le 49.3 étant cet outil à disposition du président pour appliquer les lois qu'il veut si la majorité n'est pas d'accord.


- M.S.: Vous savez comment c'est.
L'opposition politique trouvera toujours un prétexte pour tenter de mettre à mal le gouvernement au pouvoir.
- J.: Vos détracteurs ne proviennent pas seulement de l'opposition. L'exécutif et certains membres de votre parti, en font aussi partie.
L'un de vos collègues a d'ailleurs cru que c'était un Poisson d'Avril avant l'heure.
- M.S.: Oui, j'ai vu ça. Mon action avant-gardiste et principalement disruptive, a pu être confondue et ne pas être bien comprise.
Dans ses visées, j'entends.
Et puis, encore une fois, je défends le droit des femmes à faire exactement ce qu'elles veulent. Et j'en suis une de femme, donc ...
- J.: Parlons à présent de votre actualité. Vous êtes aujourd'hui écrivaine à plein temps.
Sur quoi aimez-vous écrire et surtout, quel est votre prochain livre ?
- M.S.: J'écris sur à peu près tout mais les livres que je publie portent sur des histoires érotiques. Un de mes collègues, le ministre de l'Économie publie aussi des livres érotiques d'ailleurs. Bien sûr, ces livres sont publiés sous mon nom de plume "Marie M.", lorsque j'étais au gouvernement.
Par rapport à mon prochain livre. Comme tout le monde, je suis absolument horrifiée de ce qui se passe en Ukraine. Je m'y suis rendue pour voir quelle était la situation des femmes en tant de guerre. Et j'étais frappée par la force de résilience de ces femmes.

J'ai donc décidé d'écrire un livre qui paraîtra prochainement, traitant de la sexualité des femmes en temps de guerre, comme étant une possible solution contre la guerre.


Et je tiens surtout à insister sur le fait que les Français et Françaises doivent aider l'Ukraine. Il faut qu'on puisse les aider économiquement et moralement. Je pense que cette aide est aujourd'hui l'une des priorités de la France.

- - -

- Journaliste : Vous êtes ouvrière, travaillant dans l'une des plus prestigieuse compagnie automobile française.
- Sylvie T.: ... qui fermera le mois prochain pour délocalisation en Chine. Faudrait ajouter ça aussi dans l'interview.
- J.: Que pensez-vous de la gestion des retraites par le gouvernement il y a quelques mois ?
- S.T.: Qu'est-ce que vous voulez que j'en pense à part que c'est intolérable. Pour nous autres, bien sûr. Ceux qui décident au gouvernement ne comprennent pas la détresse physique et mentale dans laquelle nous sommes. Les métiers que nous exerçons sont durs et éreintants. Et ils nous demandent de travailler plus ... pour souffrir plus ? Entre ouvriers, on n'en parle pas ... c'est tabou. Parce que ça ne sert à rien sauf à finir par demander d'être au chômage.
Vous savez, un jour, on avait fini à l'heure mais le chef nous a demandé de finir 5 voitures. Ça ne prend que 15 minutes qu'il a dit.
On le fait.
Le lendemain, on finit 10 minutes avant la fin de notre tour.
Ce même chef nous dit de finir 10 voitures pour en profiter.
On pensait pouvoir partir avant.
On s'est senti méprisé et surtout, on n'allait pas être payé pour les heures supplémentaires qu'on avait fait.
Et c'est là où j'ai réalisé la valeur du temps.
- J.: Quel futur voyez-vous pour vous ?

- S.T.: Le futur ? Le futur, je le connais depuis que je passe ma vie au travail, que j'ai deux enfants et un mari alcoolique qui est au chômage et qui me tape dessus pour fourrer son petit oiseau le soir.
C'est ça le futur, plus ou moins, pour pas mal d'entre nous si le gouvernement continue de faire les conneries qu'il fait.


Je vais vous dire quelque chose : les gilets jaunes, c'était le bout de l'Iceberg.
Demain, ne vous étonnez pas si le gouvernement devient le Titanic.

*09 octobre 2023
-----
https://www.leparisien.fr/politique/marlene-schiappa-va-faire-la-une-de-playboy-31-03-2023-45URNIHJKBFI7FHDTSB5C2DH5M.php
https://www.liberation.fr/societe/marlene-schiappa-dans-playboy-echec-et-playmate-20230407_ENWK37YRDND55I3727XU7SOZSI/